mardi 24 mai 2011

A toutes et tous

Bon, je n'arrive pas à poster de commentaires sous mes billets. J'en publie donc un pour expliquer (et m'excuser de) mon silence prochain.

Je présente demain un concours que je prépare depuis six mois (a peur !!!). Je ne pourrai donc pas répondre dans l'immédiat aux commentaires (aujourd'hui révision générale et demain épreuve). Mais, promis, à partir de jeudi je réponds à chacun.e et notamment aux interventions spontanées et riches des nouveaux venus !

Edit: étant donné la fréquentation encore timide de mon second blog, je signale la publication d'un billet sur Abolitionniste !


dimanche 22 mai 2011

Le grand cirque des dominants

Alternative Libertaire s'est positionnée immédiatement dans un petit communiqué au sujet du traitement socio-médiatico-politique de l'affaire DSK:

DSK aurait tenté de violer une femme de chambre dans un hôtel de New York.
Une partie des politiques, prompt-es à condamner les petits voleurs ou les supposé-es fraudeurs du RSA, crient à la présomption d’innocence. D’autres vont à la curée, trop heureux et heureuses de voir disparaître un concurrent de poids. On en trouve même pour déplorer un piège qui nuit à l’image de la France.
Et personne pour rappeler qu’il s’agit d’abord d’un problème d’oppression sociale et patriarcale, lorsque des hommes riches et de pouvoir agissent selon ce qu’il croient être leur bon droit, agresser sexuellement une travailleuse qui les côtoie.
Alternative libertaire exprime sa solidarité à toutes les femmes agressées et à toutes les femmes de chambre que les hommes de pouvoir pensent faire partie des meubles. Et regarde avec mépris le cirque médiatico-politique qui démarre autour d’enjeux électoraux dont les travailleurs et travailleuses n’ont rien à attendre.
La formule qui résume le mieux l'esprit de dominants que dénonce A.L est je crois celle du "troussage de domestique" dont s'est fendu Jean-François Kahn. Il ne s'agit QUE d'une domestique, ce ne serait donc QU'un troussage et non pas une agression sexuelle. Une femme, domestique qui plus est: NHI (No Human Involved) ou YPMH (Y a Pas Mort d'Homme), c'est-à-dire pas d'humain impliqué.

Je profite de ce billet pour relayer l'appel initié par Osez Le Féminisme, La Barbe et Paroles de Femmes et que vous pouvez signer puis diffuser à votre tour: "Sexisme: ils se lâchent, les femmes trinquent !".

jeudi 19 mai 2011

Cachez donc cette insoutenable androgynie

Le sexisme se fout bien pas mal de l'affaire DSK et poursuit son grand oeuvre. Je suis restée en arrêt devant la quasi-censure qu'a imposé la grande chaîne de librairies américaine Barnes & Noble à la couverture du magazine Dosssier parce qu'elle proposait cette photo:



Fille ou garçon ? On a du mal à se prononcer. C'est pourquoi l'entreprise à souhaité que le magazine soit équipé d'un emballage plastique opaque avant d'être placé dans ses rayons.

Le floutage de la frontière entre femme et homme ne fait apparemment pas que troubler, il CHOQUE. Parce qu'il est la preuve que cette frontière n'existe pas ... en vrai, qu'elle n'est que construction. Et puisqu'il s'agit en fait d'un homme, un mannequin serbo-australien du nom d'Andrej Pejic, il DOIT ressembler à un homme. Il ne DOIT pas jouer avec son androgynie, qu'elle soit naturelle ou feinte.

Au croisement de l'homophobie, de la misogynie et du conservatisme, la réaction de ce géant en déclin de la librairie américaine (le livre là-bas ne bénéficie pas de la même protection qu'en France et, soumis au libéralisme cru, il souffre), cette réaction donc fait froid dans le dos et rappelle que l'assignation de genre n'est pas qu'une vague tendance mais bien une injonction fermement imposée qui a ses gardiens. Une injonction qui contient en creux l'aveu de sa propre inconsistance: en effet, pourquoi diantre dicter ce que l'on clame naturel ?


Source de cette information.

mardi 17 mai 2011

L'affaire DSK: remettre en question "notre" lecture sexiste de l'évènement

Le Post publie un article sur les répercussions de l'affaire qui secoue le pays sur la vision encore trop largement sexiste de la France en ce qui concerne les rapports de domination hommes/femmes et plus particulièrement les agressions sexuelles. Je n'ai pas le temps d'apporter mes propres réflexions, je vous le livre tel quel (hormis quelques retouches linguistiques et typographiques):

Pour aller à l’encontre de ce qui s’est dit ces derniers jours, il faut tirer les leçons de cette affaire pour faire avancer la cause du féminisme. Le choc, la violence, et l’intransigeance de la justice américaine ont permis de faire prendre conscience aux Français.e.s que la violence de genre est un acte d'une gravité extrême. Le précédent créé par cette affaire pourrait avoir des répercussions à long terme sur le rapport entre les hommes politiques et leurs homologues féminins, et le regard des Français sur ce type de violence. Alors que vendredi, en France, les humoristes traitaient à la légère ces thématiques, plus personne n’ose en rire.



Les répercussions dépassent le cas personnel de Dominique Strauss-Khan ou le cadre des primaires socialistes et de la présidentielle. Coupable ou pas, peu importe, nous n'en sommes plus là. Les partis, en particulier de gauche, doivent prendre la mesure de l'onde de choc, se détacher du cas personnel de Strauss-Kahn, prendre de la hauteur et donner un sens politique à cet évènement.


Pour cela, il faut que la gauche et en particulier les élues femmes réagissent vite. Et bien.


Un signal fort lancé à tous.tes les Français.e.s pourrait être la rédaction d’une lettre ouverte des femmes élues, qui dénonceraient les violences de genre au sein du monde politique et de la société en général. Un front uni des femmes politiques qui pourrait proposer trois axes :


- Oser dénoncer : créer un espace de témoignage à l’intérieur des partis par exemple une cellule spéciale violence de genre (harcèlement, etc...).
- Oser être exemplaires : proposer l'inéligibilité et l'exclusion automatique des partis les hommes condamnés pour faits de violence à l’encontre des femmes, dans l’exercice ou non de leur mandat.
- Oser s’affirmer : mettre le débat de l'égalité homme femme au cœur de la campagne de 2012. En mettant en avant des propositions plus ambitieuses pour le non respect de la parité et en proposant le renforcement des lois et des processus judiciaires pour accompagner et protéger les victimes présumées des violences de genre.


Aujourd’hui c’est une leçon des Etats-Unis qui est donnée à la fois à notre monde judiciaire et politique, et à la manière dont la société française en général traite la violence de genre. Une porte est ouverte, à nous de l'enfoncer.





dimanche 15 mai 2011

Tu porteras des moustaches, ma fille !

Inspirées par La Barbe, des militantes mexicaines ont monté en 2009 un collectif féministe Las Bigotonas. Elles arborent, elles, une moustache, en référence à celle que portaient les révolutionnaires mexicains.

Comme leurs marraines, l'humour est leur principal mode de communication. L'humour et l'expression artistique. Elles dénoncent les violences faites aux femmes mais aussi la violence d'Etat.


Pour les moustaches de ta tante Lupe, ne te tais pas ...
Elles réalisent, sous l'impulsion de leur cheffe de file, artiste plasticienne, des installations publiques et des affiches.






Dans le pays des Bigotonas, aucune fille n'a faim



Avec Les Bigotonas, la révolution ne se maquille pas




Quand je serai grande, je serai Bigotona et je ferai la révolution



La Barbe leur a rendu récemment un bel hommage au moyen d'un montage archi-soigné et porté de bout en bout par une reprise de "Smells like teen spirit" par Patti Smith:





Lasbigotonas.com.



samedi 7 mai 2011

Que les hommes et les femmes sont belles

Emelire l'a évoqué dans un paragraphe de son copinage féministe de mercredi dernier: une remise en question des règles de grammaire sexistes est nécessaire. Par pour le fun, pas pour pinailler mais parce que la langue façonne notre identité et notre manière de voir le monde. Le sujet est sérieux parce qu'il est politique. Il faut voir comment il déchaîne les passions machistes pour s'en convaincre.

A mes yeux, une grande réforme ne serait pas du luxe: féminisation des mots selon les règles d'alternance existantes (depuis le latin dont la langue est issue), refondation de la didactique de l'enseignement de la grammaire (non, le masculin ne donne pas "naissance" au féminin) ou encore révision de la règle selon laquelle le masculin l'emporte. J'en avais parlé dans un précédent billet en montrant comment notre langue androcentrée s'était établie à partir d'allégations arbitraires et iniques. Meigret, Vaugelas, Bouhours, depuis leur époque, ont universalisé, dans un accès incontrôlé de toute-puissance, leur propre vision de la langue et de la société.

Pour Bouhours, le masculin l'emportera parce qu'il est mieux. En voilà de l'assertion impartiale et fondée pour régir l'usage commun ! Une assertion qui vaut désormais éducation à coups de matraquage idéologique: il y a un système de valeurs dans la société et le masculin c'est plus, c'est mieux, définitivement. Comment ne pas finir par croire que c'est la nature qui en a décidé ainsi tant la formule est sans appel ?

Rien de naturel, donc, dans tout ça et encore moins de définitif. La société bouge, nous aspirons à l'égalité; la langue bouge, nous défendons la démocratisation de son usage. En tant que détentrices et utilisatrices de la langue, nous avons le droit, le devoir et la possibilité d'éradiquer les archaïsmes qui nous entravent. Certes les moyens sont limités et les résistances bien vivaces mais la mobilisation fait ses preuves au quotidien. Une pétition pour que les hommes et les femmes soient belles a été lancée qui demande la suppression de la règle de prévalence du masculin sur le féminin au profit d'une règle de bon sens, d'esthétique visuelle, d'harmonie auditive et d'équité: l'accord avec le substantif le plus proche.

Histoire de passer de "Il lit un article et une chronique instructifs" à "Elle écrit un ouvrage et une anthologie passionnantes".