mardi 17 mai 2011

L'affaire DSK: remettre en question "notre" lecture sexiste de l'évènement

Le Post publie un article sur les répercussions de l'affaire qui secoue le pays sur la vision encore trop largement sexiste de la France en ce qui concerne les rapports de domination hommes/femmes et plus particulièrement les agressions sexuelles. Je n'ai pas le temps d'apporter mes propres réflexions, je vous le livre tel quel (hormis quelques retouches linguistiques et typographiques):

Pour aller à l’encontre de ce qui s’est dit ces derniers jours, il faut tirer les leçons de cette affaire pour faire avancer la cause du féminisme. Le choc, la violence, et l’intransigeance de la justice américaine ont permis de faire prendre conscience aux Français.e.s que la violence de genre est un acte d'une gravité extrême. Le précédent créé par cette affaire pourrait avoir des répercussions à long terme sur le rapport entre les hommes politiques et leurs homologues féminins, et le regard des Français sur ce type de violence. Alors que vendredi, en France, les humoristes traitaient à la légère ces thématiques, plus personne n’ose en rire.



Les répercussions dépassent le cas personnel de Dominique Strauss-Khan ou le cadre des primaires socialistes et de la présidentielle. Coupable ou pas, peu importe, nous n'en sommes plus là. Les partis, en particulier de gauche, doivent prendre la mesure de l'onde de choc, se détacher du cas personnel de Strauss-Kahn, prendre de la hauteur et donner un sens politique à cet évènement.


Pour cela, il faut que la gauche et en particulier les élues femmes réagissent vite. Et bien.


Un signal fort lancé à tous.tes les Français.e.s pourrait être la rédaction d’une lettre ouverte des femmes élues, qui dénonceraient les violences de genre au sein du monde politique et de la société en général. Un front uni des femmes politiques qui pourrait proposer trois axes :


- Oser dénoncer : créer un espace de témoignage à l’intérieur des partis par exemple une cellule spéciale violence de genre (harcèlement, etc...).
- Oser être exemplaires : proposer l'inéligibilité et l'exclusion automatique des partis les hommes condamnés pour faits de violence à l’encontre des femmes, dans l’exercice ou non de leur mandat.
- Oser s’affirmer : mettre le débat de l'égalité homme femme au cœur de la campagne de 2012. En mettant en avant des propositions plus ambitieuses pour le non respect de la parité et en proposant le renforcement des lois et des processus judiciaires pour accompagner et protéger les victimes présumées des violences de genre.


Aujourd’hui c’est une leçon des Etats-Unis qui est donnée à la fois à notre monde judiciaire et politique, et à la manière dont la société française en général traite la violence de genre. Une porte est ouverte, à nous de l'enfoncer.





11 commentaires:

  1. Personnellement je suis pour s'aligner complètement sur les pays anglo-saxons en matière d'exigence de moralité envers nos représentants. Les hommes "condamnés" ce n'est pas assez. Alors il va suffire de ne pas les condamner, d'ailleurs ils ne le sont même pas la plupart du temps.
    En France il y a même des hommes politiques qui "se vantent" de violence qui pour eux n'en sont pas, bien sûr. Et cela est inadmissible, je trouve.

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  2. mauvaise herbe17 mai 2011 à 21:24

    Je partage à 100% l'esprit de cet article,
    dont l'essentiel est résumé dans ce paragraphe :

    "il faut tirer les leçons de cette affaire pour faire avancer la cause du féminisme. Le choc, la violence, et l’intransigeance de la justice américaine ont permis de faire prendre conscience aux Français.e.s que la violence de genre est un acte d'une gravité extrême. Le précédent créé par cette affaire pourrait avoir des répercussions à long terme sur le rapport entre les hommes politiques et leurs homologues féminins, et le regard des Français sur ce type de violence. Alors que vendredi, en France, les humoristes traitaient à la légère ces thématiques, plus personne n’ose en rire."


    Je me permets de relayer aussi sur mon blog ;-)

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  3. Excellente proposition. J'y souscrit complètement, les réactions politco-médiatiques sont écœurantes. Et ne parlons pas des commentaires d'articles d'hommes et quelques femmes (!) qui sont d'une misogynie gerbante confondant "séduction" et violence, se glorifiant d'un comportement gaulois de bon aloi, lorsqu'il s'agit de crime. Je relai aussi cet article du post sur d'autres blogs.

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  4. Je trouve aussi que ce sont de bonnes idées généreuses : quand on voit avec quelle condescendance les français traitent le système judiciaire américain et le comparent avec le nôtre. La présomption d'innocence dans l'affaire d'Outreau, on a vu ce que ça a donné ! Mais c'est vrai que c'étaient juste des pauvres qu'on voyait sangloter devant les cameras aux 20 heures ! Les français ont piqué aux américains un notion qui leur est typique, avec laquelle on nous bassine, "Première dame", First Lady : il n'y a pas de première dame en France, c'est une pitrerie ! Mais ça fait partie des aumônes paternalistes dont les hommes au pouvoir font mine de gratifier les femmes qui veulent bien se laisser avoir. Ca ne mange pas de pain, c'est comme balayer la poussière criminelle sous le tapis de la gaudriole. Je pense quand même que cette affaire va changer le regard des gens sur les frasques des dirigeants ; il y aura un avant et un après.

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  5. En tout cas cette histoire prouverait une chose d'une manière criante : le viol n'a rien à voir avec la prostitution !
    Inutile de nous redire que sans la prostitution il y aurait plus de viol ! Est-ce que cet homme avait économiquement besoin de violer ?

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  6. @ Euterpe

    Il n'y a qu'à voir comment les hommes politiques (ou pas) parlent de cette histoire pour prendre la mesure de leur fierté à violenter une femme (ça fait viril ...) et donc de leur incompréhension face à la réaction américaine.

    @ Mauvaise Herbe

    Relaye, relaye, notre voix est encore trop inaudible face aux sirènes médiatiques et une opinion publique abrutie de discours sur la pseudo-liberté sexuelle.

    @ Gloup

    Les commentaires anonymes sont effectivement gerbants, massivement masculins et empreints d'une gauloiserie, comme tu dis, qui n'a plus sa place dans une société qui se veut progressiste. Merci pour le relais !

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  7. Fric, goût de la domination, compétition, violence, animalité, c'est le moment de s'attaquer au patriarcat et à tout ce qui fonde la prétendue virilité. Supprimons immédiatement l'assignation de genre et le dogme de la binarité sexuelle. La répression est nécessaire mais ne suffit pas: donnons la priorité à la prévention en sortant de cette dichotomie sociale. Utilisons tous les moyens pour enfin faire baisser les violences sexuelles. Il n'y a pas que deux sexes.

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  8. @ Hypathie

    Oui, quand on louche vers les Etats-Unis c'est pour leur prendre ce qu'ils ont de plus vulgaire (au sens de commun et sans intérêt): les séries indigestes, la First Lady ou encore le Mc Do. Apparemment, le système judiciaire étasunien n'est pas parfait et fonctionne sur le modèle libéral mais leur intransigeance quant aux agressions sexuelles fait réfléchir. J'espère qu'il y aura un avant et un après quelle que soit l'issue de l'affaire.

    @ Euterpe

    Alors oui et non à ta réflexion ! Oui parce qu'effectivement la prostitution ne résout pas le phénomène des viols. Ce n'est pas tout à fait la même chose que d'accéder au corps d'une femme par l'argent ou par la violence physique (le violeur cherche autre chose, que la prostitution ne peut satisfaire).

    Et non, parce que la volonté d'obtenir sous contrainte (physique ou financière) est la même et, dans les deux cas, la recherche d'un étouffement/déni du consentement de l'autre est un puissant motif de jouissance. Faire ça avec une femme qui en a envie aussi, c'est pas rock'n roll ...

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  9. merci et bravo pour ces analyses et opinions humanistes, au milieu de la puanteur politico médiatique actuelle qui fait d'un présumé coupable une victime à plaindre, et sous entend que le viol ne devrait pas être un frein à quoi que ce soit, ou que le viol n'est pas possible pour les "élites" ! finalement, qu'on peut tout faire aux femmes, quasi un signe d ebonne santé. Et dire que cet homme était le présidentiable en vue, j'ai l'impression de vivre un cauchemar en voyant les réactions notamment à gauche, ce sexisme et cette banalisation du viol, et donc de toutes les violences aux femmes. Respect nulle part :o(

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  10. mauvaise herbe18 mai 2011 à 19:51

    Je viens de lire ça :

    DSK : Ses amis redoutaient le pire



    http://www.francesoir.fr/actualite/faits-divers/dsk-ses-amis-redoutaient-pire-102343.html


    Et je ne peux pas m'empêcher de penser à tous ces proches de DSK qui continuent de se répandre pour nous expliquer que: vraiment cette affaire est tellement éloignée du DSK qu'ils connaissent...
    Quelle bande d'hypocrites, beurk!

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  11. @ avapierre

    Ahhh! je préfère vous lire comme ça. Il n'y a pas que deux sexes ... et il n'y a pas que deux genres aussi. Il y a une foultitude de personnes, d'individus qu'il est plus que dommageable de ranger dans ces deux pauvres catégories. Je vous suis sur ce coup-là !

    @ Emelire

    Oui, finalement cette histoire a peut-être évité un gros carnage: un délinquant sexuel à la tête du pays :(

    Les réactions tendent à changer il me semble avec les langues qui se délient sur son comportement borderline mais on reste quand même dans l'absurde insoutenable (violer = être en bonne santé, par exemple ...).

    @ Mauvaise Herbe

    Hallucinant cet article, les "pompiers" de DSK et la peur de l'entourage qu'il passe à l'acte. Contraste assez saisissant avec la complaisance/surprotection de toute la classe d'élites. Ils, elles savaient ... écoeurant.

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