jeudi 2 décembre 2010

Moins que rien ou pire que tout

Qu'il s'agisse d'un acte estimable, une femme fait toujours moins bien qu'un homme.

Qu'il s'agisse d'un acte condamnable, une femme fait toujours pire qu'un homme.

Inférieure dans le bien et supérieure dans le mal, voilà EXACTEMENT la rhétorique fondatrice de la misogynie.

8 commentaires:

  1. Oui, les arbitres des élégances, c'est définitivement eux ; à tel point que si tu argumentes sur un sujet qui te tient à cœur, il vaut mieux étayer tes pauvres arguments de femme par ceux d'un illustre homme (Tolstoï, Socrate ou Montaigne font merveille !) s'ils ont pensé ou agi comme toi, ça passe nettement mieux et ça valide les tiens ! :-(((

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  2. J'ai discuté samedi avec une copine qui a longtemps fait des arts martiaux avec moi. On a fini par décortiquer le comportement du "grand maître" (6e dan d'aikido) envers les femmes. C'est exactement ce que tu dis. Il faut absolument qu'il se dépêche de trouver une excuse dévalorisante à la fille qui a particulièrement réussi une technique. Au choix : le hasard, une chance inouie, la faiblesse du partenaire (pour les techniques à deux), une aptitude JUSTE pour cette technique mais pas les autres, la distraction (si elle s'était concentrée ce serait faux), une fois n'est pas coutume, elle n'y arrivera pas deux fois, etc, bref ...c'est fatiguant. Résultant j'ai plus envie de me coltiner ce naze plus la bande de machos qui l'imitent parce que c'est le prof. Je me lasse et en même temps je suis furax. Dans les arts martiaux les femmes sont minoritaires. Il ne faut pas se demander pourquoi.

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  3. Et ça commence tout-e petit-e entre le "oh! 19 en maths, c'est surprenant pour une fille" et le "c'est pas joli pour une fille de dire des gros mots". On grandit avec ça et je me rend compte que tout ça me poursuit malgré mon féminisme, malgré mes prises de positions et surtout de conscience.

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  4. @ Hypathie

    La caution masculine est ce qui fonctionne le mieux. Combien de fois ai-je dû en venir à cette extrémité pour faire valider un argument.

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  5. @ Euterpe

    J'ai connu la même chose il y a longtemps avec un prof de guitare, de picking plus exactement. Quand une des mes comparses ou moi-même parvenions à jouer un morceau "mieux" que les garçons, il trouvait toujours des excuses pour minimiser notre réussite. Son attitude engendrait une espèce de compétition entre élèves et je trouvais ça malsain. Par la suite, j'ai toujours dû faire preuve de mes compétences deux fois plus que les musiciens. Là, j'en suis à chercher des femmes musiciennes pour monter un groupe ... j'ai déjà été la guitariste d'une formation presque exclusivement féminine (hormis le batteur) et c'était vraiment plus détendu et sérieux à la fois.

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  6. Blâmables, coupables, méprisables, destin tracé même avant le berceau... Et nous, là pour briser la ligne, voire la lignée.

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  7. @ Alice

    Tes deux exemples sont criants de déjà-entendu !

    Je voulais à la base illustrer mon billet de deux anecdotes. La première, étayant l'idée valeur inférieure, est celle d'une étude (que tu connais peut-être) qui a porté sur un ouvrage littéraire que des étudiant.e.s séparées en deux groupes devaient juger. A l'un des groupes, on a dit que le livre avait été écrit par une femme, à l'autre qu'il avait été écrit par un homme. Je te laisse deviner quel groupe a trouvé l'ouvrage médiocre et quel groupe l'a trouvé intéressant et bien écrit ...

    La seconde porte sur un groupe de jeunes filles de Marseille qui ont monté un gang qui terrorise les quartiers alentours ... On entend partout, ici, qu'elles sont pires que les gangs masculins. Pourtant, elles agissent exactement comme leurs homologues masculins. C'est quoi pire alors ? Parce que dans le pire, il me semble que les hommes sont en bonne position: ne sont-ils pas les inventeurs et les acteurs des tournantes et des tortures (ce qui revient au même).

    Enfin, tout ça pour dire que ces dévalorisation/diabolisation sont fondées sur du bancal.

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  8. @ Chaminou

    "Et nous, là pour briser la ligne, voire la lignée."

    Tâche plus qu'ardue s'il en est :(

    Quand on voit que ces principes sont présents comme en filigrane dans toutes les strates de la société et à travers tous les médias de communication, on peut se dire qu'il y a un sacré boulot ...

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