dimanche 30 mai 2010

Le plus vieux métier du monde

Rien n'est plus faux que l'idée reçue que la prostitution a toujours existé.

Elle a cependant l'avantage, pour ceux qui la défendent avec toute l'ardeur de leur mauvaise foi et souhaitent l'institutionnaliser, de faire passer l'abolitionnisme pour une utopie farfelue.

Les historien.ne.s situent l'apparition du phénomène aux environs de 3 000 ans avant notre ère* avec l'apparition des premières cités organisées autour des marchés.

Or, les premier.e.s hominidé.e.s sont apparu.e.s il y a 7 000 000 ans selon les dernières découvertes (Toumaï), l'Homo sapiens sapiens il y a 35 000 ans.

En considérant que l'humanité ne commence qu'à partir de ce dernier chaînon, elle a quand même pu vivre 30 000 ans sans exploiter à des fins commerciales le sexe des femmes.

Autre fait important pour comprendre les mécanismes de ce reliquat d'esclavage: ce sont les hommes qui ont organisé la prostitution. Le premier proxénète connu* était un prêtre (!) qui gérait les revenus de l'activité pour assurer le fonctionnement du temple.

Les prostituées utilisées étaient des esclaves ... tiens donc.

La prostitution: le plus vieux métier du monde ? Non, mais la première activité masculine misogyne de la "civilisation", probablement.

* voir les ouvrages de Richard Poulin


lundi 24 mai 2010

La culture de la non-violence

"Nos sociétés sont dominées par une culture de violence. Qu’on pense aux guerres qui ont ensanglanté notre histoire, notamment aux guerres de colonisation et de décolonisation, aux révolutions violentes, aux deux guerres mondiales et aux divers génocides du siècle qui s’achève.

Qu’on pense aux jouets de guerre donnés aux enfants dès leur plus jeune âge, aux jeux vidéo importés de Etats-Unis ou du Japon, aux films de violence à la télévision, mais aussi aux paroles sanglantes de l’hymne national français, la Marseillaise, et aux défilés militaires le 14 Juillet, anniversaire de la prise de la Bastille à l’armée par le peuple...

Pour briser le ressort de la violence, présentée comme nécessaire, légitime et honorable, il faut d’abord prendre en compte toute la réalité de la violence qui pervertit notre relation à l’autre.


Il faut ensuite rompre avec les processus de justification et de légitimation de la violence, et montrer que la violence n’est pas une fatalité.

Il faut montrer que la non-violence est une exigence essentielle de la conscience de l’homme, et aussi qu’elle peut constituer une alternative à la violence dans des domaines variés de la vie collective et même des relations internationales : résolution des conflits interpersonnels sans perdant, médiation dans les conflits sociaux, défense civile non-violente contre une agression étrangère, intervention civile entre des belligérants dans des conflits régionaux... "

Etienne Godinot - membre de l'IRNC (Institut de recherche sur la Résolution Non-violente de Conflits)



vendredi 14 mai 2010

Cliché n° 3: les femmes sont VENALES

Continuons notre petit tour d'horizon des travers communément attribués aux femelles humaines.

Le cliché: les femmes n'agiraient que par intérêt et leur cupidité matérielle n'aurait d'égale que leur passion à assouvir ce vilain penchant.

Sa contre-vérité: si elles étaient aussi matérialistes que prétendu partout, comment expliquer qu'elles ne possèdent que 10% des richesses mondiales et que les activités non rémunérées soient essentiellement effectuées par des femmes (pour des hommes la plupart du temps), confisquant une bonne partie de leur force de travail, de leur temps et de leur santé ? Comment expliquer que même l'illustration de la femme vénale dans le conscient collectif, la prostituée, ne touche que les miettes de ses passes et finisse souvent sa vie dans l'indigence ?

Son bénéfice patriarcal: pointer chez les autrEs ce que l'on n'ose encore reprocher aux uns.

mercredi 12 mai 2010

Dissection d'une manoeuvre patriarcale, vue en coupe



" Jamais je n'ai compris qu'il y eût un sexe pour lequel on cherchât à atrophier l'intelligence comme s'il y en avait trop dans la race.

Les filles élevées dans la niaiserie sont désarmées tout exprès pour être mieux trompées: c'est cela qu'on veut.

C'est absolument comme si on vous jetait à l'eau après vous avoir défendu d'apprendre à nager, ou même lié les membres."

Louise Michel, militante anarchiste (1830-1905)
Mémoires



Désarmer pour mieux tromper, n'est-ce pas ce qui est en oeuvre lorqu'on laisse entendre aux petites filles qu'elle ne peuvent, ne doivent, ne savent se défendre physiquement, par exemple ?

L'unique mode opératoire du patriarcat semble aussi efficient que du temps de Louise Michel.




lundi 10 mai 2010

Le Test de Bechdel



Ce test, appelé Bechdel Test du nom de son auteure, Alison Bechdel, permet de mesurer avec une facilité déconcertante l'invisibilité des femmes au cinéma.


Lorsque vous regardez un film, posez-vous les trois questions suivantes:


- Y a-t-il au moins deux femmes (qui portent un nom) …


- qui parlent l'une avec l'autre …


- au sujet d’autre chose que d'un homme ?


Le test peut prêter à sourire, pourtant la réalité est moins drôle: peu de films passent le test avec succès, notamment les films grand public.


Slumdog Millionnaire, Pulp Fiction, Pirates des Caraïbes, Le Roi Lion, Terminator, Shrek, Brunö, Gosthbusters, Ocean's Twelve, Men in Black, Kirikou, Reservoir Dog, Alien, The Truman Show, Bambi, La Vie est Belle, etc.


Ce phénomène d'invisibilité est bien connu des féministes mais cet outil de mesure permet de relever avec objectivité les représentations androcentrées de la société dont les productions culturelles sont le reflet.


"On" veut sans conteste du héros de sexe masculin hétéronormé et "on" nous le fait savoir ...


Outre les qualités que l'on peut lui trouver à titre personnel, le Test de Bechdel fonctionne comme une "grille de lecture" ludique aisément exploitable dans le cadre d'une éducation aux médias auprès des jeunes.


Trois questions simples qui deviennent des outils de critique efficaces des stéréotypes sexuels.


Trois questions simples que l'on peut décliner sans complexe tant au niveau des sujets (minorités ethniques, groupes sociaux discriminés, etc.) que des supports (littérature, bande dessinée, émissions, etc.).



Enseignant.e.s, éducatrices ou éducateurs, formatrices et formateurs, pensez-y !



Merci à Emelire pour l'info dont je me suis inspirée.




jeudi 6 mai 2010

Lettre ouverte à Alain Souchon

"Alors, vous aussi. Vous, si plein de finesse, capable de ces nuances qui font notre bonheur, vous si attentif aux ombres et aux éclaircies du cœur, si respectueux en apparence des jupes des filles, ne trouvez rien de mieux que de voler au secours de Ribéry, et donc de ces sportifs adeptes de la troisième mi-temps, ces types lamentables qui exhibent leur fric et leur « virilité » en exploitant sexuellement des gamines et en buvant des bières.

"Tous les hommes vont au moins une fois voir les putes", dites vous. Parlez pour vous. Et au lieu d’excuser ceux qui vont « aux putes », demandez-vous pourquoi la société – et vous-même - vous permettez de les appeler du nom le plus insultant de toute la langue française. Ce ne sont pas des putes ; mais des femmes, des jeunes filles, qu’une histoire souvent difficile, violente neuf fois sur dix, a poussées dans l’impasse, et dont l’avenir est saccagé. Laisseriez-vous votre propre fille dans les boîtes à prostitution, à 16 ans, entre les mains sales des footballeurs et les tiroirs-caisses des proxos ?

Alors, tous frères, les hommes ? Souchon, Noah mais aussi Besson et Cohn-Bendit subitement d’accord ! Tous unis quand il s’agit de défendre le « droit » séculaire de montrer qui est le chef en soumettant sexuellement des marchandises féminines. Tous ringards plutôt. Vous auriez pu vous fendre, pour Zahia, d’une chanson. Pour ce pauvre papillon attiré par les médias, le fric et les paillettes, horizon ultime de nos sociétés engluées dans l’ultra moderne solitude. "

La p'tite Bill

Lettre parue en mai 2010 sur le site de la revue Prostitution et Société du Mouvement du Nid.

http://www.prostitutionetsociete.fr/eclairage/point-de-vue/lettre-ouverte-a-alain-souchon